La période de confinement a été une période très angoissante pour tout le monde.
D’abord, c’est la présence d’un virus méconnu et dangereux à proximité de tous.
Puis tout le monde chez soi et la grande majorité des Français, sérieux et responsables, ont suivi scrupuleusement les règles de confinement. Il n’y avait qu’à emprunter quelques rues de sa ville, à l’occasion du ravitaillement de sa tribu, pour s’en rendre compte.
Cela a été quitter son travail pour la plupart, notamment dans le secteur tertiaire.
Cela a été, pour les parents, s’organiser pour réinventer le quotidien en essayant de satisfaire les obligations (et aussi les attentes !) de chacun. C’est beaucoup d’inquiétude pour les Dirigeants qui perçoivent vite qu’hormis l’arrêt de l’activité pendant plusieurs semaines, elle entraînera forcément des conséquences au-delà, pour relancer la reprise. Inquiétude partagée par tous les salariés bien conscients que ce qui n’est pas bon pour leur employeur ne le sera pas plus pour eux. Bref on était tous concernés durant cette situation particulière.
Le télétravail
Les moyens de télécommunications déjà en place, ou mis en œuvre à la hâte pour l’occasion, ont permis à 5 millions de personnes de pouvoir télétravailler.
C’est environ 25% des salariés du pays.
Les VPN ont surchauffé, les services de visioconférences ont explosé tous les records. Microsoft Teams, la solution de visioconférence et de collaboration de la suite Office 365 a annoncé 900 millions d’heures de visioconférence par semaine pendant le confinement ! La technologie IT a répondu présent et certains ont pu, plus ou moins, assurer un travail à distance. Nous ne sommes pas tous des professionnels de la santé ou des services désignés stratégiques par le gouvernement, mais nous nous sommes tout de même sentis utiles pendant cette période. Pour d’autres, chômage partiel et occupations à domicile : drôle de situation, mais pas le choix.
Depuis que nous avons retrouvé pour beaucoup le chemin du travail, un grand nombre ont eu le temps de réfléchir à leurs habitudes de travail. Mais aussi, pour certains, au sens du travail dans leur vie. Nous n’aborderons pas ce deuxième point dans cet article tellement le sujet est vaste et dépend des motivations intimes de chacun. Donc, beaucoup s’interrogent sur le télétravail. Selon une enquête de Malakoff Humanis, 1/3 environ pour un télétravail régulier et 41% pour une pratique ponctuelle. En effet, pourquoi ne pas conserver une partie de son temps professionnel pour travailler à distance ? depuis une pièce agréable chez soi, les pieds nus ou bien au chaud dans des pantoufles ? Dans son jardin ou sur sa terrasse au soleil ? Ce serait super, non ?
C’est aujourd’hui en effet tout à fait envisageable. Certaines entreprises l’ont déjà institutionnalisé comme leur marque de fabrique (et une belle économie sur leur loyer au passage). La plupart des directions y sont assez favorables, même si quelques freins subsistent :
Il faudra encore faire la preuve pour les salariés de leur engagement dans leur travail et de leur aptitude à respecter à la fois le temps de présence (il faut rester joignable et à son poste aux heures de bureaux pour les autres !) et atteinte des objectifs.
C’est-à-dire être capable d’assurer le même volume de travail. Les sociologues, syndicats et patronat devront trouver les règles. Adapter le code du travail et s’entendre sur les indicateurs à mettre en place pour que chacun trouve un cadre serein de travail. C’est question de bonne volonté et il y en a. Donc ça va marcher !
Il a fallu sécuriser et pérenniser ce qui a été mis en place dans l’urgence. Les chiffres avancés par Cybermalveillance.gouv sont éloquents :
- 30 000 % d’augmentation de cyber-attaques,
- 400 % de hausse d’attaque de Phishing.
En fait, la Pandémie n’a pas dopé les cybercriminels, mais l’usage d’un télétravail improvisé, sans mise en œuvre des mesures de protections nécessaires a permis aux menaces déjà actives de faire plus facilement mouche. Certains y ont laissé des plumes et je doute que l’expert d’assurance, voyant une installation improvisée, leur soit d’un grand secours. Il y a, comme dans toute choses, des savoir-faire et des règles de bonnes pratiques à respecter. Les technologies sont prêtes, matures et éprouvées depuis longtemps, avec des solutions qui s’adaptent bien aux différents cas de figure. Là aussi, un peu de volonté et cela sera vite fait, bien fait. Mais des usages mal maîtrisés, le maillon faible dans 95% des cas, demandera plus de temps.
Là est la vraie décision à prendre pour que le télétravail prenne une dimension opérationnelle. Une décision qui reste à franchir dans beaucoup de structures. L’organisation de l’ensemble des informations et de la chaine traitement en mode numérique. Plus à moitié, mais totalement. Pas quelques-uns, mais tout le monde. Cela globalise la dématérialisation, le travail en mode projet (ou collaboratif), la communication interne, le SIRH et d’autres outils pour assurer toutes les tâches que nous avons à réaliser au quotidien. Cela inclut également les outils de communications : discussions, audioconférence et visioconférence, pour permettre les réunions internes/externes.
Si je veux travailler à distance, avoir accès aux dossiers, aux procédures internes, aux référentiels documentaires encore faut-il qu’ils me soient accessibles en ligne. Tout doit donc être numérisé en amont. Il faut également que le contenu collecté ou créé au fil de l’eau, par mes collègues, mon équipe ou mes correspondants clients, fournisseurs et partenaires soit en permanence accessible à distance, donc également converti en format numérique.
Si je veux travailler à distance, il faut que chaque usage ait été traduit dans son équivalent numérique. Sans quoi, soit il faut que je retourne au travail ou que je trouve quelqu’un sur place pour le faire : « Tu peux me faire passer la dernière facture X ? », « tu peux me scanner le dossier Y ? », etc … cela a pu être accepté pendant la crise, mais cela ne pourra pas être pérenne sauf à vite embaucher des bataillons d’assistantes. Pas d’actualité je crois.
Si je veux être efficace à distance, il faut également que ce contenu soit au moins aussi vite accessible que si j’étais au sein de ma structure professionnelle. Il faut donc une organisation efficace non seulement pour retrouver, mais aussi pour tout collecter. Car on comprend bien que cela ne va pas impacter que les télétravailleurs, mais bel et bien l’ensemble de l’organisation.
Cette mise en place des usages et des méthodes d’organisation numérique collective est donc l’axe préalable incontournable avant d’envisager un télétravail efficace. C’est sur cette voie que devront porter les efforts d’apprentissage et d’organisation qui, in fine, bénéficieront à tous.
Ne pas le faire, c’est condamner les acteurs à être « enchainés » à leur bureau. Le faire c’est donner la possibilité à votre structure de pouvoir conserver ses talents, s’attacher leurs services là où ils se trouvent et là où ils aiment vivre.
C’est finalement je crois une des grandes leçons de ce confinement. C’est pour cela qu’il faut dès à présent l’initier.